À J-1 de la présidentielle, rien ne semble pouvoir arrêter la perpétuation du pouvoir familial d’Idriss et Hinda Déby au Tchad
Tout semble très calme au Tchad à J-1 du premier tour de l’élection présidentielle malgré nos appels au boycott et à la mobilisation contre un sixième mandat d’Idriss Déby. Une accalmie avant la tempête post-électorale ?
Les actions légales et pacifiques menées pendant les 10 dernières semaines contre un sixième mandat du dictateur tchadien ont eu l’effet d’un duvet d’oisillon sur la carapace du Maréchal dont la sensibilité est réglée uniquement sur le bruit des bottes et des mitrailleuses lourdes montées sur des véhicules 4X4 Toyota.
«Reconnaissons humblement que nous avons échoué», a écrit François Djekombé président du parti Union Sacrée pour la République (USPR), le pauvre qui a mis tout son cœur, peut être naïvement, dans cette lutte. Mais, l’œil observateur du journaliste ne se trompe pas, c’est bien un échec parmi tant d’autres de l’opposition tchadienne.
Eh oui, le militantisme politique demande un engagement constant et de longue haleine. Et l’autorité partisane ne se décrète pas, mais se construit par le travail auprès des couches sociales. Nous autres enseignants, savons qu’il n’y a pas d’autorité sans rayonnement et il n’y a pas de rayonnement sans investissement personnel. Après plus de 25 ans d’accompagnement du régime d’Idriss Déby dans toutes ses dérives, on ne peut pas sortir un beau matin pour revendiquer une virginité politique, s’autoproclamer figure de proue et prendre la tête d’un cortège qui n’a jamais existé. Le leadership des politiciens et syndicalistes ouest-africains est l’aboutissement d’un processus long et permanent. Le peuple tchadien n’est pas dupe et sait que « almi hami ma lib hana koko (le crapaud ne s’amuse pas dans l’eau chaude) ».
Cependant, la carapace a commencé à se fendiller à la suite des sempiternelles sermonnades venant, ces derniers temps, des soutiens extérieurs du Maréchal. Sa nervosité palpable et ses graves dérapages lors de ses meetings, « Damboula hanakoum (je vous encule) », « Kilaab-al-Daala (chiens errants) » à l’endroit de ses opposants politiques sont, en fait, des protestations lâches contre la pression internationale. Il bombe localement le torse pour se défouler contre nous afin de ne pas reconnaître l’échec total de sa politique menée pendant plus de trois décennies au Tchad.
Mais une chose est sûre et certaine, en continuant à refuser tout dialogue avec les vrais opposants malgré l’appel pressant de l’ONU, Idriss Déby se heurtera très rapidement à une résistance farouche post-électorale qui risque de précipiter notre pays dans le chaos.