La rhétorique guerrière « d’insurrection avec le soutien des puissances étrangères » ne peut pas servir à justifier la sanglante répression lors des manifestations au Tchad
Le Général putschiste Mahamat Idriss Déby avait déclaré, lundi dernier, que les manifestations du jeudi 20 octobre qui ont fait au moins 50 morts et plus de 300 blessés dans plusieurs villes du Tchad, étaient une « insurrection minutieusement préparée avec le soutien des puissances étrangères ».
Son Directeur de cabinet civil adjoint, Abdel-Nasser Garboa vient de donner, sur France 24, des précisions sur les « puissances étrangères » qui auraient « minutieusement préparé » les manifestations au Tchad.
« Je pense que le Chef de l’Etat détient des informations très sérieuses sur tout ce qui tourne autour des manifestations au Tchad. Lors des manifestations du mois de mai dernier, nous avons vu les puissances étrangères qui ont été mises en avant, c’était visible sur les télévisions, sur les images, des drapeaux qui ont été hissés. Le Tchad, qui est un allié de l’occident depuis le début, se trouve dans une sorte de lutte de puissances qui tirent chacune de son côté le drap et la géopolitique mondiale a actuellement l’un de ses terrains en Afrique », a-t-il expliqué. Sans la nommer, Abdel-Nasser Garboa a pointé clairement du doigt la Russie qui vient de nommer un nouvel ambassadeur au Tchad, et sans en apporter la moindre preuve.
Le défunt Déby père qualifiait déjà ses opposants politiques et politico-militaires de « apatrides », « mercenaires » et « terroristes » afin de nier l’existence d’une rébellion armée contre son régime et la lutte du peuple tchadien contre une dictature implacable.
Comme un naufragé qui s’accroche à tout, même à un crocodile, le système mafieux qui a pris en otage notre pays depuis plus de trois décennies change de rhétorique afin de brouiller la protestation contre la prolongation de deux ans de la période de transition et le maintien du fils Déby en tant que Président du Tchad.
Le Général Mahamat Idriss Déby qui est arrivé au pouvoir par un coup de force anticonstitutionnel après la mort de son père avec l’aide étrangère et qui est maintenu au pouvoir grâce aux crédits étrangers, est très mal placé pour parler de « soutien des puissances étrangères ».
L’opinion publique tchadienne, africaine et internationale n’est pas dupe et a très bien compris que ce qui se passe au Tchad est une mise en œuvre par la force d’un plan de succession dynastique afin de perpétuer le pouvoir de la famille Déby à la tête de ce malheureux pays d’Afrique centrale.