Le Sommet du G5 Sahel de N’Djaména doit se pencher sur la crise de gouvernance dans la région
Dans un rapport paru ce lundi 1er février, International Crisis Group (ICG) a analysé une fois encore la situation sécuritaire qui prévaut au Sahel.
Après son rapport portant sur les insuffisances structurelles et professionnelles de l’armée tchadienne, l’ONG est revenue avec un nouveau rapport intitulé « réordonner les stratégies de stabilisation du Sahel » qui met l’accent sur la nécessité de résoudre d’abord la crise de gouvernance dans cette région du monde pour une meilleure prise en charge du problème sécuritaire.
Eh oui, enfin, dirons-nous ! On a fini par comprendre qu’on avait mis la charrue avant les bœufs. Mais, il n’est jamais trop tard pour agir et adapter la boussole dans cette région désertique.
International Crisis Group constate que l’approche actuelle n’a pas endigué la crise sécuritaire au Sahel, qui continue de s’étendre dans de nouvelles régions et pendant ce temps, le ras-le-bol populaire augmente à l’égard des régimes dictatoriaux sahéliens. Le patron de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) française a mis en garde, ce 1er février à Orléans, les pays de l’Afrique de l’ouest contre une expansion des groupes terroristes vers le golfe de guinée, en particulier la Côte d’Ivoire et le Benin.
La crise sécuritaire tire sa source essentiellement dans le sentiment d’exclusion qui prévaut à l’échelle des communautés nationales et transnationales. Au Tchad, le sentiment d’exclusion est palpable chez les cadres diplômés qui sont écartés de la gestion du pays et chez les populations du nord, où l’Etat tchadien a complètement disparu. En 30 ans de pouvoir sans partage, Monsieur Idriss Déby a verrouillé tout le processus démocratique et a installé dans notre pays un système oligarchique militaro-ethnique essentiellement analphabète, docile et loyal, où aucune compétence n’est promue et aucune voix discordante n’est tolérée.
Le Sommet du G5 Sahel qui se tiendra les 15 et le 16 février à N’Djaména doit donc se pencher en priorité sur la crise de gouvernance dans la région. La France et ses alliés doivent encourager les États sahéliens à engager un dialogue inclusif avec les partis politiques, les politico-militaires et la société civile, et doivent aussi aider ces pauvres états à restaurer le service public dans toutes les zones de crise. Comme le recommande si bien International Crisis Group, les opérations militaires sont importantes mais doivent être au service d’une telle approche. Un cap a été franchi dans la lutte contre le terrorisme. Il faudra maintenant combattre les causes de la crise sécuritaire si l’on veut préserver la stabilité du Sahel.
C’est pourquoi, nous réitérons notre appel pour l’implication et l’appui de la France, des États-Unis, de la Russie, des Nations Unies, de l’Union Européenne, de l’Union Africaine et de tous les pays amis du Tchad pour que tous les acteurs tchadiens s’engagent dans un processus de dialogue politique constructif, sincère et franc pouvant conduire à la réconciliation nationale.