Vers un vrai dialogue national et inclusif au Tchad ou un faux-semblant pour duper la communauté internationale et arnaquer les bailleurs de fonds ?
Après près de quatre mois de tergiversations autour du « dialogue national inclusif », le président du Conseil Militaire de Transition (CMT) a fini par céder face à la pression de la rue et de la communauté internationale en annonçant un dialogue « franc et sincère », et ouvert « d’une manière spécifique » aux organisations politico-militaires.
Mais l’organisation de ce dialogue vient d’être confiée à un comité composé de 69 membres issus essentiellement du parti MPS et ses alliés, à ceux-là mêmes qui ont saigné à blanc notre pays pendant plus de trois décennies.
Quelle organisation, quels futurs débats, quelle vérité, quelle rupture, quelles solutions à la crise, et quelles nouvelles réformes institutionnelles et constitutionnelles devons nous attendre de ceux-là mêmes qui ont ruiné l’avenir de notre jeunesse et conduit notre pays à la crise actuelle ?
Devons-nous nous contenter d’un futur Forum 3 à l’image des Forums 1 et 2 qui ont renforcé les pouvoirs du défunt président Idriss Déby ?
Ou d’une conférence à l’image de la conférence nationale souveraine de 1993 dont les résolutions n’ont jamais quitté le tiroir de l’armoire du Palais rose ?
Et la réconciliation nationale, aboutissement du processus d’un vrai dialogue, devrait-elle aussi se faire entre les artisans et leurs complices accompagnateurs de l’ancien système qui a ruiné notre pays ? Le mot « réconciliation » désigne l’action de réconcilier des adversaires, des gens fâchés entre eux. Combien y-a-t-il de membres dans ce comité d’organisation qui étaient véritablement opposés au système du MPS au Tchad ?
La junte militaire fait semblant d’organiser un dialogue et d’aller vers des élections démocratiques, mais dans les faits, elle n’a véritablement pas la volonté politique pour rompre avec l’ancien système. Les jours des 18 mois de la transition passent, mais les Tchadiens vivent avec désespoir une continuité claire et nette du système en place depuis plus de 31 ans. C’est désormais clair comme de l’eau de roche !
Dans ce cas, pourquoi gaspiller les maigres ressources du Tchad pour organiser un semblant de dialogue dans un pays où, le système éducatif est en pleine déliquescence, un jeune sur deux est au chômage, la malnutrition aiguë sévère concerne deux enfants sur cinq, plus de la moitié de la population n’a pas accès à l’eau potable ?
C’est précisément la raison pour laquelle nous appelons la communauté internationale et les bailleurs de fonds à exiger une inclusivité totale dans le dialogue entre les Tchadiens pour que les principaux acteurs nécessaires à une véritable sortie de crise ne manquent pas à l’appel.